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[Chapitre 1]
-- Point de vue ...? --
"Cours, merde, cours..."
Une ville. Une rue. Une fille. Un garçon. Une impasse.
"Chiotte."
- T'es piégée, arrête de courir et laisse-toi faire.
Il commençait à m'énerver, lui. J'étais déjà pas de très bonne humeur...
- Oh, mais bien sûr. Tiens, tu vois ma nuque ? T'en as envie hein, connard ? Alors pourquoi tu m'as pas encore bouffée ? Hein ?
- Ta gueule ! C'est plus drôle quand les proies ne se laissent pas faire.
- Ah, j'ai compris. T'as envie de jouer ? Tiens, joues avec ça qu'on rigole !
Je sortis une fiole de ma veste et lui lançai au visage la poussière qu'elle contenait. Il cria, agonisant. Il plaqua ses mains sur ses yeux. J'en profitai pour sortir mon petit pistolet et lui tirer deux balles dans le coeur. Il tomba, gesticulant encore. Une troisième balle dans la tête l'arrêta net. Son corps, inerte, reposait d'une une grande flaque de sang. J'avais eu chaud. Ce crétin avait failli m'avoir. Soudain, une voix me fit sursauter.
- Pas mal pour une humaine. Tu m'étonneras toujours.
Je levais les yeux et vis Matt sur le toit de l'immeuble délabré qui se trouvait à ma droite.
- T'es là depuis un moment ? lançai-je.
- Juste assez pour voir toute la scène.
Il descendit du toit en un bond prodigieux et vint me rejoindre. Un silence suivit. Ses yeux marrons était plongés dans les miens, et ses cheveux bruns assez clairs étaient en bataille mais pas trop, comme à son habitude. Quant à moi, mes cheveux rouges me collaient au visage. Génial.
- Je sais ce que tu penses. Mais j'avais pas besoin d'aide, la preuve, je l'ai tué.
- Oh mais je ne pensais pas ça du tout.
Je lui répondis par un grognement. Matthieu avait pris l'habitude de me traîter comme une petite fille, ce qui m'agaçait au plus haut point. J'étais loin d'être aussi faible qu'il le pensait.
- Bon, Saunan nous attend. J'suis venu te chercher. avoua-t-il enfin.
Voilà la vraie raison de sa venue. Je lui répondis par un rapide "J'arrive" et partie juste devant lui. Il me rattrapa en moins d'une seconde. Ah, ça m'énervait ça aussi ! Pourquoi les vampires étaient-ils plus rapides que les humains ? Ils avaient tous les avantages d'une fo.rme humaine, et en plus, ils avaient leurs avantages de vampires ! Par contre, nous, les humains, on avait que des inconvénients bien sûr. On aurait dis que Dame Nature nous avait craché dessus à la naissance. La preuve, elle nous avait presque tous éradiqués. Enfin, elle et les vampires qui avaient en quelque sorte envahis la planète. Partout sur le globe se trouvaient ces immondes créatures. Non, "immondes" n'était pas le bon mot étant donné que mon meilleur ami était l'un des leurs. En fait, la moitié de mes amis étiaient des vampires. Matt et Cyrielle faisaient partie de cette race, tandis que Primerose et Alex étaient des humains, comme moi. Notre clan était en partie constitué de vampires assez puissants et de peu d'humains.
- Raph, arrête de rêver et ramène-toi ! Saunan va encore gueuler !
- J'arrive. répondis-je simplement à mon meilleur ami.
Qu'est-ce qu'il pouvait être pénible des fois... Mais il avait raison, Saunan n'aimait pas que l'on soit en retard aux réunions. Je rattrapai Matt, puis le suivis jusqu'au camp. Fort heureusement, ce dernier n'était pas loin. Sinon, ça nous faisait une trotte, et Matt aurait utilisé l'une de ses "techni.ques" pour aller plus vite. Encore de mauvaises habitudes. Enfin, j'étais habituée depuis le temps que je le connaissais. Nous arrivâmes finalement devant la porte du camp. Je m'arrêtai et criai :
- Louis, ramène-toi, on a besoin d'entrer !
En une fraction de seconde, un petit blond se retrouva derrière moi.
- Bah alors ? Est-ce que c'est une manière de me parler ? dit-il avec un grand sourire qui laissa dépasser ses canines.
- J'ai pas le temps, je suis déjà en retard. Saunan va péter une durite.
Il me répondit par un petit "Ah." et ouvrit la porte de notre clan. Cette dernière s'ouvrit avec fracas, ce qui fit envolé les quelques oiseaux qui se trouvaient à proximité. J'entrai avec Mattu tandis que Louis remontait dans un arbre qui se trouvait juste à côté de la grande porte, de quoi bien surveiller les alentours. Je m'empressai de rejoindre la salle de réunion, toujours suivie de près par mon ami. J'entrai. Une grande table en bois et quelques chaises se trouvaient là, rien d'autre. Tout le monde était déjà là : Cyrielle, Primerose et Saunan. Manquait plus que Matt et moi. Quand elle me vit, Cyrielle souria. Ses longs cheveux rose pâles étaient attachés en queue de cheval, tandis que les cheveux noirs de Primerose étaient libres comme le vent, mettant en avant sa fine silouhette de couleur brune. Saunan se tenait debout, au fond de la salle.
- Enfin. dit simplement Saunan.
- Désolé. lui répondit Matt.
Je m'assis à côté de Primerose, puis reportait mon attention sur Saunan.
- Bien, maintenant que tout le monde est là, nous pouvons commencer. La réunion d'aujourd'hui ne sera pas très longue, j'ai juste quelque chose à vous annoncer. Annita m'a contacté.
A ces mots, Cyrielle, qui était en face de moi, me lança un regard amusé et se retint de rire. On avait toujours su que Saunan en pinçait pour Annita, mais il n'osait pas se l'avouer. En chef vampire qu'il était, il fallait qu'il garde son statut de coeur de pierre. Moi ça me faisait bien marrer. Remarque, je le comprenais. Dans un monde où presque tout les humains se sont fait bouffer et où le moindre pas dehors peut vous coûter la vie, l'amour n'est pas vraiment la chose la plus importante. M'enfin, c'est que mon avis.
- Elle veut créer une alliance, car son clan est en danger. Bien sûr, je compte accepter. Mais je voulais vous en parler avant pour avoir votre avis. Son clan n'est pas très puissant, puis il nous coûtera plus de bouches à nourrir. Mais les vivres ne manquent pas, et ça nous fera de nouveaux combattants.
- Moi j'suis pour. dit soudainement Primerose.
- De même. ajouta Matt.
- Et toi Raphaëlle ? me demanda Cyrielle avec son habituel sourire.
- Je ne peux pas refuser.
- Alors c'est entendu, j'enverrai donc un garde ce soir lui transmettre notre réponse. La réunion est terminée.
Eh bien, pour une réunion rapide, c'était vraiment du rapide. D'habitube, les réunions prenaient presque une heure. Là, en un quart d'heure, c'était fini. Je sortis de la salle accompagnée de Cyrielle, Matt et Primerose. Alex nous attendait dehors. C'était un humain qui s'occupait des rapports. Tout ce qui était papier, c'était son domaine. Dans notre clan, chaque vampire et chaque humain était assigné à une tache. Primerose était une humaine qui, comme Cyrielle, Matt et moi, faisait partie de ce que l'on appelait les Cinq. Le groupe des Cinq rassemblait les trois vampires les plus puissants du clan et les deux humains avec les meilleurs conditions physiques.
- Déjà fini ? Tant mieux, je devais parler à Saunan. dit Alex.
- Pourquoi donc ? demanda Primerose, fortemment intéressée.
- On a eu quatre pertes cette nuit. Dont Lilian.
Ouh. Lilan était un vampire assez puissant.
- Par qui ont-ils été tués ? demanda Matt.
- Par Fürlan et deux de ses compagnons.
Encore pire. Fürlan était l'un des vampires les plus puissant d'un camp adverse. Le plus proche, qui plus est. Chiotte. Je ne lui avait jamais parlé, mais tout le monde le connaissait ici, à cause des nombreuses pertes que nous avons subis par sa faute. Je l'avais déjà apperçu. Des cheveux bruns assez foncé en bataille, un regard de tueur, enfin, quelqu'un d'assez imposant malgré sa faible carrure. Et franchement, je n'avais pas envie de le rencontrer.
- Je viens parler à Saunan avec toi Alex. dis-je. Il a prévu d'envoyer un garde transmettre un message cette nuit, et si Fürlan et son groupe sont toujours dans les parages, ça va très mal se passer.
- T'as raison. répondit-il.
Puis il rentra dans la salle de réunion, avec moi.
- Saunan ? Je peux te parler ? déclara Alex.
- J'ai déjà tout entendu. Vous êtes pas très discrets, surtout derrière une porte.
- Au moins j'ai pas besoin de répéter. T'en dis quoi ?
- Je n'enverrai pas de garde. Par contre, le message doit absolument être délivré demain au plus tard. Raphaëlle, tu iras avec Mattieu.
- Bien.
Il me remit une lettre ; sûrement celle qui contenait la réponse prositive. J'étais sur le point de sortir, lorsque Saunan m'interpella.
- Surtout Raphaëlle, fais attention à toi, et à Matthieu bien entendu. On a besoin de vous ici. Vraiment.
Je lui répondis par un sourire et sortis dans les rues de notre chère petite ville complètement ravagée.
[Chapitre 2]
-- Point de vue : Raphaëlle --
Je m'arrêtai net, et Matt aussi. Nous avions entendu un craquement. Cela faisait déjà une bonne heure que nous marchions dans les rues désertes, et tout autour de nous était étrangement calme. Puis, à l'instant où nous sommes entrés dans une zone un peu plus dangereuse que les précèdentes, ce craquement, signe que nous n'étions pas seuls. J'avais mes fioles et une dague, et j'espèrais de tout mon coeur que cela suffise en cas d'attaque. J'avais oublié mon flingue au camp. Merde. Malheuresement, si quelqu'un s'en prenait à Matt, j'aurai du mal à utiliser mes fioles, étant donné qu'elles étaient remplies d'une poussière que les vampires ne supportaient pas : de la Nisane. Ce dérivé de la tisane (d'où son nom) était mortel pour les vampires. Il leur brûlait la peau et les faisait fondre comme une glace au soleil. Puis soudainement, un deuxième craquement. Comme ça, juste un petit "crac" sortit de nulle part. Matt se mit en position d'attaque, je sortis ma dague. Nous savions, nous attentions ce qui allait se passer. Et cela arriva. Une dizaine de vampires sortit d'un coup de tous les côtés et nous encercla. Ils étaient tous encapuchonés. Le plus vieux d'entre-eux s'avança.
- Allons allons, qu'avons-nous là ? Un vampire et une humaine au sang... attends, laisse-moi le temps de l'analyser... au sang sucré et battant, signe que tu es stressée. Tu ne veux pas mourrir, hein ? dit-il en rigolant.
Aha, grosse erreur de sa part. Tous les vampires un peu expérimentés savaient à peu près décripté les émotions des humains. Certes, j'avais un peu peur qu'ils s'en prennent à Matt, mais moi, quelle importance ? Je ne tenais pas à ma vie. Je lançai un regard à mon meilleur ami, qui comprit tout de suite. Il huma l'air et me renvoya mon regard, ce qui voulait dire que ces vampires n'étais pas très puissants, et que nous pouvions les battre facilement. Du moins si on avait leur chef en otage, car ils étaient quand même dix. Sans réfléchir une seconde de plus, je filai vers le type qui avait bluffé et mis ma dague sous sa gorge.
- Alors, on fait moins le malin, là ?
Malheuresement, ce crétin paniqua et gigota dans tous les sens, ce qui eu pour effet de lui trancher la gorge. Oups. Son sang gicla sur moi. Ses amis, ou plutôt ses sbires, n'étaient pas très contents que j'ai tué leur chef, même si ce n'était pas mon but. Ils nous foncèrent dessus. Matt, qui était beaucoup plus rapides qu'eux, en tuant six rien qu'avec ses canines, sorties pour l'occasion. Je me chargeais des deux derniers, en utilisant seulement ma dague. Puis je vis le regard de Matt s'assombrir.
- Je suis désolée, je voulais pas le tuer, je...
- C'est pas ça qui m'emmerde. On en a tué neuf, et ils étaient dix.
- Tu crois que le dernier va donner l'alerte ?
- Sûrement. Nous ferions mieux de nous dépêcher.
J'acquescai, puis me remis en route avec lui. Le décor ne changeait jamais : des immeubles et des maisons délabrées et fracassés, la nature qui reprenait le dessus et remettait un peu de vert dans cette étendue de gris et noir. Je n'aurais même pas su dire dans quelle ville nous nous trouvions avant la catastophe. J'avançai avec Matt, nous étions bientôt arrivés. Une quinzaine de minutes plus tard, nous nous trouvions tous les deux devant l'immense porte qui gardait le clan d'Annita. Matt me regarda :
- Tu te souviens de la personne qui garde cette porte...?
Effectivement, si aucun de nous deux ne connaissait le gardien, nous n'allions pas rentrer. C'était une des règles créées en même temps que les différents clans. Il y avait pas mal de règles concernant les portes d'entrée. Les portes devaient toujours être gardées par un vampire, au cas où il y aurait une attaque, car les humains se défendent moins bien. Puis les personnes qui voulaient rentrer dans telle ou telle ville devaient au moins connaître le nom du gardien, si ce n'est plus.
- Bien sûr. répondis-je à Matt. Tu sais bien que je connais pratiquement toutes les personnes des camps amis.
- Et moi celles des camps ennemis.
- Ce qui n'est pas plus mal, ça nous aide bien parfois.
Je me tournai vers la porte et gueulai :
- Lisa, c'est Raph ! Ouvre-nous la porte, c'est important !
Je vis deux petites mains s'accrocher en haut de la porte, puis une silouhette aux longs cheveux bruns parfaitement lisses tomba juste devant nous.
- Raph, ça faisait longtemps ! Matt, je vois que tu ne te souviens pas de moi, ça fait plaisir.
- Désolé... Lisa, c'est ça ? On ne s'est vus qu'une fois, et je n'ai pas ta mémoire.
C'est vrai que Lisa avait une mémoire hors-pair, impossible de faire mieux qu'elle, elle se souvenait d'absolument tout, c'était incroyable. C'était son don. Certains vampires et humains avaient des dons. Oui, même les humains peuvent avoir des espèces de pouvoirs spéciaux ; c'est l'un des nombreux résultats d'une morsure de vampire. M'enfin, c'est pas le moment de parler de ça. Lisa nous ouvrit la grande porte, et Matt et moi entrâmes. Le camp d'Annita était assez semblable au nôtre : quelques maisons par-ci, par-là, des marchands, des zones d'entraînement, les quartier des guerriers et des hauts-placés... La routine, quoi. Nous traversâmes vite fait le camp, observés par les habitants de ce petit village protégé. Matt arriva devant la porte et l'ouvrit ; nous entrâmes. Le regard d'Annita et d'un homme se posèrent sur nous. Ah oui, on avait oublié de frapper avant d'entrer. Tant pis.
- Annita, qui sont ces gens ? demanda l'homme.
- Montre un peu plus de respect envers eux, Pagan. Je sais qui ils sont, et j'ai fort besoin d'eux. Sors d'ici. ordanna la jeune reine (si on pouvait appeler ça comme ça).
L'homme dénommé Pagan sortit. Le regard d'Annita se reposa sur nous. Elle était grande, élancée, le teint un peu mate et avait de puissants yeux verts pétillants. Les cours cheveux bruns lui soutiraient tout de même un petit air triste.
- Si vous êtes ici, je suppose que ce n'est pas pour me transmettre une réponse négative, surtout que vous êtes venus assez rapidement.
- Effectivement. commençai-je. Saunan accepte votre requête. Votre camp fait désormais parti du notre. Mais notre chef a également quelques conditions : vos guerriers devront suivre notre entraînement et comme tous les autres habitants, une fonction sera attribuée à chacun.
- Bien sûr, il n'y a aucun problème. Je comprends parfaitement.
- Alors tout est en ordre. conclut Matt. Nous allons donc repartir.
J'ouvris de grands yeux. Et vu la tête que tirai Annita, je n'étais pas la seule.
- Vous n'allez tout de même pas reprendre la route aujourd'hui, après le voyage que vous venez de faire ? commença la reine.
- Surtout que l'on s'est fait attaqués Matt ! Ils faut que l'on se repose.
- Vous vous êtes fait attaqués ? demanda Annita.
- Oui. continuai-je. Une dizaine de vampires peu puissants, mais l'un d'entre-eux nous a échappé. Matt a peur qu'il donne l'alarme à son clan.
- C'est pour ça que nous devons repartir au plus vite.
- Non, maintenant que nos clans ont fusionnés, vous êtes également sous mon commandement. Et je vous ordonne de rester dormir ici, au moins une nuit.
Je sentis Matt se crisper.
- Annita, sachez que j'ai beaucoup de respect pour vous. Sachez également que je pourrais vous sauter à la gorge et vous tuer en moins d'une seconde -je ne le ferais pas bien sûr-. Tâchez de montrer un peu plus de respect avant de vous auto-proclamer notre reine. Je vais rester dormir si tel est votre désir, mais pour ma part, je n'obéis qu'à Saunan. Veuillez m'e.xcuser.
Il sortit de la pièce. Annita et moi nous regardâmes, choquées toutes les deux. J'avais déjà vu Matt dans tous ses états, mais celui-là, il était assez rare de le voir. Surtout qu'il n'y avait aucune raison pour qu'il réagisse ainsi. Je pris congé d'Annita et me dirigeai vers la chambre qui avait été attribuée à Matt. Je connaissais ce clan presque comme ma poche. J'ouvris la porte de sa chambre mais ne le trouvai pas. A ce moment, je sus e.xactement où il était. Je me dirigeai posément vers une petite porte au fond d'un couloir sombre. Je l'ouvris, et la lumière du jour m'aveugla. Il faisait très sombre à l'intérieur du clan d'Annita. Je regardai un peu partout : des humains et des vampires s'entraînaient au combat sur l'herbe et les cailloux. Certains étaient protégés, d'autres pas. Les plus puissants, sans doute. Je regardai quelques secondes toutes ces personnes qui combattaient avant de remarquer enfin Matt. Il était assis et regardait lui-aussi les combattants, mais ils zieutait davantage les vampires que les humains. Je vins m'asseoir à côté de lui.
- Les vampires me répugnent. me dit-il subitement.
- Comment peux-tu dire ça alors que tu es toi-même un vampire ?
- Les vampires sont des monstres. Ils sont rapides, furtifs, violents, toujours à l'affût de la moindre proie.
- Tu n'es pas comme ça.
- Je cache ma vraie nature.
Alors là, je ne savais pas quoi répondre.
- Je suis un vampire. Un être assoiffé de sang.
- Sauf que tu arrives à lutter contre cette envie de sang. T'es loin d'être violent, et depuis que je te connais, tu ne m'as pas déchiré une seule fois la gorge, je me trompe ?
- C'est pas pareil avec toi.
- Et pourquoi ça ?
- T'es une humaine. Les humains sont plus faibles que les vampires, et accessoirement, ils ont moins bon goût. Leur sang est moins sucré. Et j'ai pas envie de te trancher la gorge, c'est pas comme si tu étais une menace pour moi.
Je ne sais pas comment prendre la dernière phrase. Bien sûr que si je pouvais être une menace ! J'avais tué bien des vampires ! Moins que lui, certes... Beaucoup moins que lui...
- T'as un don ? demandais-je, sachant pertinamment la réponse.
- Pourquoi tu me poses tout le temps cette question ? Tu sais très bien que non.
Matt n'avait jamais eu de don, et ça le faisait enrager. Les humains obtenaient leur don par morsure de vampire, tandis que les vampires recevaient leur don à la naissance. Ni les humains ni les vampires ne pouvaient obtenir un don autrement. Je lui posais cette question parce que j'aimais bien entendre sa réponse. C'était seulement pour répondre à cette question qu'il employait ce ton si inde ible. Habituellement, il parlait d'une manière assez décontractée, et quand il était énervé ou triste, d'un sérieux inégalable. Mais quand je lui demandais s'il avait un don, sa voix changeait complètement.
- Je déteste cette question et tu le sais.
- Et toi tu sais que je continuerai à te la poser.
- Pourquoi ?
- Mystère.
Le soleil descendait à vue d'oeil et les vampires et humains qui s'e.x.erçaient depuis tout à l'heure commençaient à ranger les armes.
- Il faudrait peut-être que l'on aille dormir. me dit Matt.
- Maintenant tu veux aller dormir ?
- Je suis bien obligé. Bonne nuit Raph.
Sur ces mots, il se leva et rentra dans le bâtiment. Pour ma part, je suis restée encore un bon moment dehors, assise sur l'herbe. Puis j'ai sorti mon collier. Le collier que m'avait donné mon père, tout ce qu'il me restait de lui. Un yin-yang coupé en deux, comme un bracelet de l'amitié. J'avais le yin, la partie blanche. Juste avant de mourir, mon père me l'avait confié en me disant qu'il avait donné l'autre moitié à une personne de confiance, et que si je la trouvais, je devais rester avec elle et ne plus jamais la quitter. Mais aujourd'hui, cette personne doit sûrement être morte. J'avais néanmoins gardé le collier en souvenir de mon père. En pensant à ce collier, je me surpris à bailler. Je commençai à fatiguer aussi, je décidai d'aller me coucher, et me leva de l'herbe pour rentrer dans le bâtiment d'un pas las.
[Chapitre 3]
-- Point de vue : Raphaëlle --
Nous sommes vite repartis. Après s'être levé, Matt et moi n'avons pas déjeuné, avons dit au revoir à Annita -Matt ne s'est pas e.xcusé, ça lui aurait brisé les lèvres- et sommes repartis comme nous étions venus : en coup de vent. A présent, nous nous trouvions près de notre clan, et nous ne nous étions toujours pas fait attaqués. Cela m'arrangeait bien, car je n'étais pas dans mon assiette. J'avais fait un drôle de rêve, et j'y pensais encore. J'étais dans un endroit clos et humide, plongé dans le noir. Mais je n'étais pas seule. Avec moi, il y avait une personne étrange, encapuchonée. Je n'aurais pas su dire si c'était un garçon ou une fille. Mais cette personne m'intriguait. Elle avait une aura tellement puissante que l'énergie de cette dernière me traversait encore. La personne, qui était d'abord restée immobile un long moment, avait fini par foncer vers moi et avait tenu mon visage entre ses deux mains. Sans jamais voir son visage, je pus tout de même constater qu'elle me dévisageait de fond en comble. Puis je m'étais réveillée en sursaut, sentant toujours ses mains collées sur mes joues.
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