Voici une très belle histoire !!

Une chaise roulante trainait au fond d’une petite chambre surchargée, plongée dans l’obscurité, qui semblait appartenir à un petit garçon. Au milieu de cette petite chambre, une sorte de tipi fait de draps, tenu par un manche un balais, d’où s’échappait la seule source de lumière, à travers les draps pourvus de petits motifs de l’espace, d’astronaute et autres vaisseaux. Faisant comme des ombres chinoises contre ce drap, deux silhouettes assises se traçaient sur le tissu. A l’intérieur de ce petit tipi, se trouvait un jeune homme d’environ une vingtaine d’année, qui portait une sorte d’étoile de chérif en carton, qui était assis en tailleur, et un petit garçon d’environ 7 ans avec une couronne en papier, calé dans une espèce de montage d’oreiller, ses jambes maladivement maigres et frêles étendues devant lui. Tu veux que je te raconte une nouvelle histoire ? Proposa le plus âgé, Tristan, au garçon qui était son frère. Le petit frère, qui s’appelait Christian, secoua négativement la tête. Tu me les as toutes racontées, Capitaine Trist. Dit-il d’une voix faible et tremblante. Tristan parut amusé. Oh, je ne t’ai pas raconté celle du voleur de couleurs, qui sema la terreur partout où il allait, mais qui fut combattu par la vaillant Chris, un célèbre héro, sur sa super chaise roulante magique, capable de voyager dans l’espace et le temps ? dit-il avec un sourire enthousiaste. Comme dans Doctor Who ?demanda Christian. Oui, ta chaise roulante est ton TARDIS. En mieux. Assura-t-il. Le petit garçon poussa un soupir. Cette chaise roulante est plus une invitation aux moqueries et une contrainte. Je veux plus qu’on me porte de l’attention, je veux être normal, et pouvoir courir après un ballon, comme les autres. Le visage souriant de Tristan changea pendant une fraction de seconde, puis redevint confiant. Toi, c’est mieux, tu peux rouler après le ballon. Et je suis sûr que je pourrais y installer un super-propulseur, un moyen de le faire flotter, et un distributeur de  gateaux et de coca cola dans ta chaise. Comme dans mon vaisseau spatial. Dit-il en lui faisant un clin d’œil complice. Il se mit à genoux, et aida son petit frère à sortir de leur petite cabane secrète, le prenant dans ses bras et le posant sur son lit. Il le borda confortablement, enleva sa petit couronne et la posa sur la table de nuit. Mais je serais jamais aussi cool que toi. T’as tes jambes, toi. Soupira Christian. Tristan lui pinça le nez. Mais j’ai perdu mon cœur et ma raison dans une expédition contre des monstres, je t’ai déjà raconté. Ces deux trucs sont les plus importants. Les jambes, les bras, tu peux bien vivre sans. Avec ton cœur, tu peux aimer, et avec ta raison, tu peux comprendre plein de choses importantes à l’école, puis un peu plus tard, sur la vie en général.  Les autres, ils y comprendront jamais rien, surtout si ils se moquent des gens différents. Puis toi, tu pourras bientôt avoir des gateaux et du coca sur demande grâce à ta chaise roulante, donc qui est le vrai gagnant dans l’histoire ? dit-il en souriant. Il se redressa, et se dirigea vers la porte pour sortir. Bonne nuit, chef Chris. Que votre nuit soit peuplée de beaux rêves. Dit-il, en refermant doucement la porte de la chambre derrière lui. Il marcha dans le couloir, pour rejoindre sa chambre. Il avait maintenant l’air triste. Leurs petits jeux, petites histoire à eux, qu’ils avaient créés ensemble, ce lien qu’ils avaient entre eux, qui pourtant semblait inchangeable, tout ça prenait une autre tournure, plus Christian grandissait et plus il se rendait compte de sa différence et de sa maladie, et tenait des propos intelligents et matures, que Tristan n’arrivait plus à contrés, pour conserver l’innocence de son petit frère. Légèrement désespéré, il rentra dans sa chambre, s’enferma et se coucha de bonne heure, pour oublier les problèmes de la vie réelle, et rejoindre ce doux et délicieux monde qu’était celui des rêves.