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meuf-celib34
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 "Bonjour mon amour,
Il est certain que si tu écoutes cette cassette
Ma petite Sylvie d'amour,
C'est que je ne suis plus.
Simple souvenir de ma voix,
Simple souvenir de nous deux.
Tu te souviens comme nous étions heureux !
 Mais oui, ma puce, ton mari est mort !
 Abattu par les policiers !
Mais ça, nous le savions déjà.
Nous savions que ça pouvait arriver un jour.
Tu te rappelles, je te le disais.
Et maintenant, tu es seule.
Seule avec ta peine, seule avec ta souffrance.
Une chose, mon ange, il faut vivre, tu sais.
Cette grande peine qui te fait si mal au coeur,
Tu t'imagines que tout est fini pour toi.
Non, vis !
Vis comme je te l'disais et puis c'est tout.
Vis avec nos souvenirs.
Mais ne t'emprisonne pas dans nos souvenirs.
Oh ! Bien sûr, cette cassette je l'ai faite avant.
Tu étais partie faire tes commissions.
Je n'savais que le destin pouvait se terminer comme ça !
Mais enfin, je me disais peut-être qu'un jour ça arriverait.
Et je voulais que tu gardes quelque chose de moi.
Ecoutes cette musique...
Tu te rappelles à l'époque où nous l'écoutions chez nous ? 
C'était la musique de Midnight Express.
Et rappelles toi ce film qui nous avait tant fait souffrir !
Par sa vision d'horreur !
C'est peut-être ce qui m'aurait attendu !
A une échelle un peu plus petite.
Mais une fin comme ça !
Je pense qu'un homme préfère la mort sous les balles policières
Que de crever comme un chien dans un trou de basses-fosses.
Une seule chose est certaine, mon petit chat,
C'est l'amour que tu m'as apporté.
C'était quelque chose de merveilleux !
Car à 43 ans, pardon 42 plutôt,
D'aimer comme ça !
Aimer comme j't'ai aimé, c'est impensable.
Tu m'as tout amené.
Tu m'as donné tout de toi.
Vingt-quatre heures par jour, tu étais avec moi.
Ca a été une communion, notre amour.
Alors, si les larmes te viennent aux yeux...
Comprends une chose,
Nous avons vécu ça.
Et, bien des gens n'ont jamais connu l'amour.
Ma fin, c'était une chose presque inévitable.
On ne peut pas, tu sais, chérie,
Quand un homme vit par les armes,
Le vol, la violence, et le crime,
C'est très rarement qu'il meurt dans son lit.
Et puis en fin de compte,
Ma mort n'est pas plus stupide,
Que si j'étais mort au volant d'une voiture,
Ou chez Usinor, en travaillant pour un patron.
Que les flics m'aient assassiné ou pas,
Face à un type comme moi,
Y'a pas tellement de cadeaux à faire.
J'n'en fais pas non plus de mon côté.
Donc... La haine,
Ca sert à rien de l'avoir, 
Ce qu'il faut,
C'est que tu te souviennes de nous.
Quand tu faisais une tapisserie,
Quand tu m'préparais de bons p'tits plats,
Quand tu t'habillais et que...
Je te disais que tu es belle.
Quand tu mettais ton beau collier, ton beau collier Cartier !
Quand on s'émerveillait devant des choses qui nous plaisaient.
Qu'on jouait avec le merveilleux p'tit chien.
C'est ça la vie.
Tu sais, la mort, en fin compte,
Ca n'existe pas.
La mort c'est dans le coeur des hommes.
Si tu ne te souviens plus de quelqu'un, 
La personne est morte !
Mais toi, toi tu penses à moi,
Alors, je crois que je suis toujours vivant.
Vivant en toi et pour longtemps !
C'est pour ça, ma chérie, je te le demande,
Ne t'emprisonne pas dans ta souffrance,
Revis.
Je te le demande de toute la force de mon coeur.
Et qui sait, on se retrouvera peut-être un jour.
Où ça ? Mais en enfer, mon ange !
J'y suis bien, entre parenthèses.
Toi qui as toujours froid,
Je peux te garantir que ici... super !
Et puis en enfer, on rigole drôlement.
Il n'y a que des gens qui s'emmerdaient pas sur terre,
Qui y sont actuellement.
Ah ! tu sais, je rigole.
Je rigole d'être mort. 
Parce que la mort, à la finale, c'est rien.
C'est rien pour celui qui a su vivre.
Ceux qui ont raté leur vie,
En fin de compte, ce sont des mort-vivants !
Moi, ma vie,
Bon ! Criminellement on ne peut pas dire 
Qu'une vie soit réussie.
Mais sentimentalement, ma vie n'a pas été un échec.
Puisque je t'ai connue, rancontrée et aimée.
Tous ces souvenirs fous, mon bébé,
Et l'amour, c'était si bon ensemble.
On peut dire que nous nous donnions !
C'était beau, c'était simple, pas de complications.
Rien n'est faux, tout était vrai chez nous.
Alors, à la finale, 
Tu sais, mon p'tit chat...
Oh ! Bien sûr, certaines personnes pourraient dire,
Qu'il y a d'autres façons de vivre,
Mais je n'avais plus tellement le choix non plus.
Et à la finale, 
J'ai assumé ma criminalité jusqu'au bout.
Et je considère que ce n'est pas si mal que ça,
D'aller jusqu'au bout.
Et c'est ce qu'il faut dans la vie.
J'aime pas les gens qui reculent.
Trop de gens reculent.
Tu sais, simplement de voir la détention en France, 
Dans les Q.H.S 
Quand j'ai vu réellement que,
On créait ça, non pour emprisonner l'homme,
Mais pour le détruire moralement, totalement,
Pour en faire un ***e de la pénitentiaire,
Une serviette... Un torchon !
Il fallait que l'homme s'abaisse devant ces messieurs.
Au moins, je suis mort les armes à la main,
Même si peut-être, et ça je n'en sais rien,
Je n'ai pas eu le temps de m'en servir.
Parce que même si les policiers m'ont ué
Avant que j'aie eu le temps de mettre la main sur mon revolver,
Il faut te dire quelque chose,
Si j'avais eu le temps de metter la main dessus,
Je m'en serai servi.
Peut-être que j'ai mis la main dessus,
Et que je m'en suis servi.
Puisque cette cassette est prémonitoire.
Je ne peux quand même pas
Envisager ce qui m'est arrivé,
Où ce qui m'arrivera,
La seule chose que je sais,
C'est que si tu écoutes cette cassette,
C'est que je suis dans une prison d'où l'on ne s'évade pas
En fin de compte, Peyrefitte a trouvé le moyen,
La seule prison d'où l'on ne s'évade pas :
C'est un cerceuil !
Mon plus beau cimetière,
Et ce n'est pas péjoratif ce que je vais dire, 
Ma plus belle cellule, c'est ton coeur !
Et j'y suis bien.
Et je tiens à y rester.
Aussi longtemps que tu penseras à moi.
Et que tu m'aimeras.
De toute façon, ma chérie, tu le sais,
Aucun couple ne termine totalement sa vie ensemble.
Il y en a toujours un qui part avant l'autre.
Et c'est terrible quand on s'aime !
La vraie souffrance,
C'est à ce moment-là qu'on la ressent.
Alors pense à nous, c'est tout.
Moi, je sais que j'ai vécu 
Ce que peu d'homme arrivent à vivre.
C'est à dire un amour complet.
Quant à la criminalité,
Bien ! J'avais fait un choix.
Et face à la société,
Dès l'insta,nt où je suis mort,
Je ne suis plus coupable de rien.
Et à la finale, je vais rester un exemple,
Un mauvais exemple.
C'est ça qui est terrible.
Certains vont faire de moi un héros,
Alors qu'il n'y a pas de héros dans la criminalité.
Il n'y a que des hommes marginaux.
Qui n'acceptent pas les lois.
Parce que les lois sont faites pour les riches et les forts.
Hein, on en sait quelque chose
Moi j'ai choisi d'être aisé par le crime.
En m'attaquant presque toujours aux "nantis".
Et aux riches.
Mais j'étais plus riche qu'eux.
Parce que moi, j'avais l'amour en plus.
L'amour et je pense le courage.
Des mes opinions, et de ce que j'avais décidé d'être,
C'est terrible, mon ange.
Ecoutes cette musique.
Midnight, écoutes là.
J'aimerai danser avec toi.
Mais non, d'où je suis, je ne peux pas, chérie,
Y'a trop de marches à descendre.
Et tu vois, je vais te dire quelque chose,
Si je demandais une permission de sortie,
Impossible.
L'enfer. J'aime bein toutes ces théories complétement stupides,
Que la religion impose aux homme,
Y'a pas d'enfer, pas de paradis.
Le paradis, c'est sur terre.
Ou l'enfer c'est sur terre qu'on le vit.
Il n'y a pas d'autre monde.
Il y a simplement une autre manière de vivre.
L'esprit ne meurt pas toute façon.
La preuve, c'est que tu penses à moi.
Tu t'imagines quand on était en Sicile. 
Et que tu dansais.
Tu étais sensuelle à mort, qu'est ce que c'était beau !
Rien qu'à écouter cette musique, j't'imagine,
Une vraie Diane !
C'est vrai que tu étais belle .
Tu le savais aussi.
Hein ! Avec tes beaux yeux de biche
Tu avais une vraie petite gueule d'amour.
Sauvage, un peu.
Ca donne pas envie de danser, bébé, hein ?
Tu t'imagines, tu es dans mes bras.
Eh, dis donc, bébé,
Peut-être que tu écoutes cette cassette.
Et qu'suis pas mort du tout. 
Peut-être que, manque de chance pour moi,
Les policiers m'ont repris vivant.
Et tu l'écoutes quand même, hein ? 
En te disant : "Je le préfère en prison et vivant".
Mais, tu sais sincèrement, si j'suis en prison,
Je ne suis pas content.
Parce que moi, j'préfèrerai autre chose.
Ecoutes cette musique.
Ecoutes la jusqu'au bout.
C'est vrai que tu étais disco... très disco.
Tu te souviens en Angleterre... Aïe.
Dis, mon ange, 
J'espère quand même que tu vas danser maintenant.
Il serai temps...
Ton veuvage ne va pas durer toute la vie.
Tu te souviens quand je te disais ça,
Tu piquais de drôle de colères.
C'est moi qui avait raison et tu le sais.
C'est pas parce qu'un homme meurt,
Que la vie doit d'arrêter.
Premièrement tu as ta fille, notre fille pardon
Alors tu sais, et puis...
Tu as le p'tit chien.
Je ne prononce pas son nom.
Si elle tombait dans de mauvaises mains avant,
J'ai pas envie que son nom soit prnoncé..."
-Jacques Mesrine, son testament à l'amour de sa vie, Sylvia Jeanjacquot. Novembre 1979.

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