Camille

Bel ange, les dieux despotiques t'ont chassé et les hommes cruels te repoussent. Tes ailes ont été coupées et tu portes encore leurs brûlantes morsures sur ta peau de neige. Tu paies pour le simple crime d'exister, avec ta chevelure d'or et d'argent mêlés, ton corps de cristal, tes lèvres de bouton de rose et tes yeux d'opaline. Pauvre créature déchue ! L'Enfer est de te laisser vivre. La folie s'est-elle définitivement emparée de ton esprit débile ? Il est plus facile de briser ce dernier que de marquer ta peau soyeuse. On te déteste pour ton apparence bien trop innocente. Quelles fées perfides penchées sur ton berceau ont pu te maudire à ce point ? Tu traînes ce poids bien trop lourd pour tes fluettes épaules dans un Chaos que tu nommes sourire. Tu incarnes à toi seul l'Alpha et l'Oméga, la Genèse et l'Apocalypse. Ô être de douceur au regard d'hiver... Camille, pauvre éphèbe jeté en pâture... Les Ténèbres que tu portes en ton coeur brisé t'absorberont comme un trou noir. Tu es le sacrifice du pêché originel.

Puisses-tu trouver un jour la paix, enfant disgracié.

« Tu te demandes si tu es une bête féroce ou bien un saint
Mais tu es l'un et l'autre, et tellement de choses encore
Tu es infiniment nombreux
Celui qui méprise, celui qui blesse, celui qui aime, celui
qui cherche. Et tous les autres ensembles
Trompe-toi, sois imprudent, tout n'est pas fragile
N'attends rien que de toi, parce que tu es sacré, parce que
tu es en vie
Parce que le plus important n'est pas ce que tu es, mais ce
que tu as choisi d'être. »