Elle erre. Regarde-la, comme elle tremble, cette sotte, si fragile, dans sa petite tenue. Ah, elle a toujours aimé le rouge, celle-là. Un bel écarlate qui orne le fin tissu recouvrant sa peau noir charbon. Mais regarde-la donc un peu ! Elle frissonne de plus belle, la garce. Elle a froid ? Je pense plutôt qu'elle a peur. Cette gamine ! Elle est tellement fragile que je pourrait la briser entre le pouce et l'index. Elle ne devrait pas être à son aise, sur son trône, dans sa belle villa dorée ? Fille de riche ! Ah, celle-là, si elle avait voulu gouverner la Terre, elle l'aurait fait, la maligne !

Regarde-la, cette belle Lenadiel... Elle marche, d'un pas pressé, à la recherche d'on ne sait quoi... Son allure légère et sa vivacité lui offrent les traits d'un ange, à cette belle enfant, mais je reste persuadée que si l'on pousse un peu son destin vers une autre direction, on peut assombrir son cœur au point qu'il devienne aussi gris que la cendre. Je n'ai qu'à essayer... Après tout, je n'ai plus rien à perdre. Tu vois, je suis certaine qu'ensemble, nous ferons des choses fabuleuses !
 

J'avance. Je ne sais même plus d'où je suis arrivée. Pas le temps de me dépiter à ce sujet, l'important est de savoir où je vais. Et je vais tout droit. Je préfère ne pas reculer. Car si je suis partie, c'est certainement parce qu'il y avait quelque chose de mal là d'où je viens. Je ne me souviens de rien, sauf de mon nom : Lenadiel. Qui sait, après tout, peut-être cela me sera-t-il utile ?  

Je m'enfonce donc au milieu des arbres. Plus je vais dans cette direction, plus il fait frais, plus les racines dépassent de la terre et m'offrent de quoi trébucher, et plus les arbres sont épais et serrés entre eux.