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La lubie du moment de Xan : devenir assistante de magicien.
Alors, si vous êtes magicien...
« Mais parfois se produit pourtant une manière d'événement mystérieux et éblouissant, qu'on contemple encore longtemps après avec un émerveillement mêlé du respect qu'impose le sacré... »
Cela faisait peut-être deux ou trois ans qu'elle souffrait de ce que les autres appelaient "agoraphobie", mais qu'elle-même ne voyait que comme la volonté d'être l'observatrice très extérieure d'un monde auquel elle n'avait jamais su s'intégrer de toute façon. Ca n'avait pourtant pas été faute d'essayer. Elle s'était tout simplement retirée très lentement de cette immense scène pour gagner la grande salle aux fauteuils, complètement seule dan ce public fantôme. Tout se jouait sous son regard et c'était bien mieux ainsi. Au dernier étage de l'imposant immeuble surplombant la ville entière, dans son appartement gigantesque mais terriblement vide, derrière les baies-vitrées étincelantes, elle jouait à "se défenestrer mentalement". Et puis, si jamais l'air venait à lui manquer, elle n'avait qu'à grimper sur le toit qu'elle s'était approprié tout naturellement et qu'elle avait aménagé en terrasse avec ce qu'elle avait trouvé dans les étages inférieurs, ce dont les gens ne voulaient plus ou bien avaient oublié derrière eux en déménageant peut-être.
D'ailleurs, ses braves voisins faisaient l'objet de toutes ses études. Sur le mur le plus grand du salon blanc, elle avait dressé un tableau compléxe qui reprenait le plan de son immeuble avec, à chaque étage, sur chaque porte, le portrait punaisé et tiré au hasard de ses rencontres dans les couloirs. Car, si elle quittait très rarement son domaine, dans ses meilleurs jours, elle pouvait gagner le hall d'entrée où l'employé de service lui tenait les portes grandes ouvertes avec toujours ce même sourire poli. Sourire auquel elle répondait par un hochement de tête entendu. Elle était parfaitement consciente de ce qu'il attendait d'elle ; un pas dehors - mais elle ne le ferait pas. Son vieux Polaroïd avait ainsi imprimé les visages pris au dépourvu des autres habitants de l'immeuble, mais aussi du gentil portier et du livreur habituel qui déposait devant sa porte toutes les commandes que son compte en banque remplumé par un père absent et une mère lointaine lui permettait.
Elle était en effet l'enfant d'un homme d'affaires toujours affairé et d'une femme passionnée toujours lancée dans sa dernière passion - dernièrement, le prêt-à-porter écologique de grands couturiers vivant à Paris. Ils s'étaient un jour aimés mais ils avaient dû oublier leurs sentiments pour ne plus avoir l'un pour l'autre qu'une considération respectueuse mais distante. Au milieu, il y avait eu elle, cette petite fille blonde aux immenses yeux verts écarquillés sur la vie, qui avait grandi en ayant tout ce qu'elle pouvait avoir sans jamais posséder ce qu'elle désirait réellement. Elle avait aujourd'hui vingt-et-un ans et elle vivait seule. Réellement seule. Mais cela n'était pas une fatalité ; elle n'imposait tout simplement pas son existence aux autres. Elle aurait pu insister encore et toujours, mais elle s'était aperçue bien vite que cette lutte était stérile. Elle était Don Quichotte de la Mancha et les moulins à vent s'étaient révélés bien trop entêtés à tourner sans elle. Cela ne l'avait pas blessée ; il s'agissait de son choix et elle s'en portait très bien. Elle vivait en suivant des yeux le grouillement des fourmis minuscules sur le trottoir, tout en bas, là où son corps se disloquait et se dispersait comme du sable fin après chacune de ses chutes vertigineuses mais imaginaires de plus trois cents mètres.
Xanthippe Vores
« Tu as la beauté diaphane et la désespérance d'une beauté tragique. »
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29 ans | Femme | Autre | |
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