[Keïra]

Le soleil semblait avoir bel et bien disparu et privé la ville de sa lumière ainsi que de sa chaleur si réconfortante. De gros nuages gris encombraient le ciel pesamment, comme une mauvaise annonce des temps à venir… La nouvelle était tombée officiellement : la Reine était souffrante. Et on ne savait pas si elle s’en sortirait… Peut-être avait-elle déjà exhalé son dernier souffle ? Une rumeur confirmant cette théorie s'ébruitait déjà peu à peu. L’équilibre du Royaume tout entier était menacé. Néanmoins, les quatre piliers qui étaient justement censé le maintenir à flot tanguaient dangereusement et nul ne savait à l’heure actuelle ce qu’il allait advenir d’Aarnel et de ses habitants...

Pour autant, c’était aujourd’hui le jour de la fête de la Taverne. L’occasion parfaite pour mettre un peu de baume au cœur de tout le monde ! Malheureusement, la célébration avait perdue de sa superbe… Alors que l’année passée les tables regorgeaient de mets aussi alléchants les uns que les autres et que les rires et les chants résonnaient dans le grand hall, la nourriture semblait à présent manquer et l’atmosphère était saturée d’une tension palpable qui n’avait rien d’agréable… Le cœur de Keïra débordait pourtant de joie à l’idée de passer cette journée en famille, comme au bon vieux temps. Assise à côté de son père, la demoiselle se sentait nostalgique des temps passés où enfant, ils se réunissaient tous ensemble aux Deux Mats. Sa mère et son frère n’étaient pas encore arrivés mais ils ne devaient plus tarder. Malheureusement sa joie fut de courte durée lorsqu’elle entendit son cher père déclarer tout en se levant du banc sur lequel il était assis : « Je dois aller relayer ta mère. Elle te rejoindra ici. » La grande brune soupira alors à s’en décoller les poumons. « Mais papa ! Vous venez à peine d’arriver ! » Hélas, les yeux de chien battu qu’elle posa sur lui n’y changèrent rien. « Je sais ma chérie, mais les temps sont durs… Et avec cette incertitude… On est obligé de faire des concessions si on veut pouvoir vivre décemment. » Keïra soupira à nouveau. Il avait raison, comme bien souvent. Elle jeta un coup d'œil à sa précieuse et toute nouvelle robe de mage d’une blancheur immaculée. Et si… ? « N’y pense même pas. Je suis tellement fier de voir ma fille porter l'uniforme de ma faction, hors de question que tu t’en sépares ! C’est un cadeau qui plus est. » Il esquissa un sourire chaleureux et s’avança pour déposer un baiser sur son front. « Je compte sur toi pour raccompagner Loti. » La demoiselle hocha la tête avant de le regarder quitter l’établissement. Puis elle tourna son attention sur la petite fille assise à sa gauche qui habitait prêt de chez eux. Elle les avait accompagné, sa grand-mère étant elle aussi trop occupée pour participer aux festivités. La fillette lui demanda d’une voix timide : « Tu ne manges pas ton pudding Keïra ? » Cette dernière laissa échapper un sourire avant de le lui céder, attendrie. « Non, je n’aime pas ça. » Un mensonge. Tout à coup, des éclats de voix se firent entendre clairement à la table des Chefs de Factions. L'attention générale se concentra soudainement sur eux. Les voix s'élevaient, les prises de paroles s'échauffaient et la conversation n'avait plus rien de privé... ~ En pleine fête... Décidément... ~

En entendant l’Alchimiste donner son avis, Keïra ne put que lui donner raison intérieurement en toute objectivité - et en dépit du fait qu’elle était sa supérieure directe - en ce qui concernait la hausse des prix, du moins. Le Chef des Guerriers Noirs semblait quant à lui en avoir après les deux Bardes et tout particulièrement après la Chamane. Keïra se souvenait des histoires que sa mère, Druide de naissance, lui racontait à propos d’elle. Elle n’avait jamais eu l’occasion de la rencontrer réellement mais l’avait toujours admirée étant enfant. Soudain, le dialogue prit une tout autre tournure, beaucoup moins diplomate. L’assemblée toute entière sursauta lorsque le Paladin dégaina brusquement son arme… Alors que la petite Loti se serrait soudainement tremblante contre Keïra, la jeune mage sentit son cœur bondir de fureur. C'en était trop !

[A Yul'nasneth] « Dieu du ciel ! Mais vous avez perdu la tête ! » s’écria-t-elle sans même s’en rendre compte… Les lèvres avaient bougées avant que l’esprit ne daigne réfléchir. Keïra oublia en effet tout bon sens et l’endroit où elle se trouvait… N’écoutant que son cœur, elle se leva de son banc et s’approcha, sourcils froncés et poings serrés vers la table des hauts gradés. Avançant vers eux d’un pas vif, elle s'empressa d'ajouter : « Qu’est-ce qui vous prend ?! Il y a des enfants ici ! » La jeune femme lança un regard lourd de reproche au Paladin tandis qu’elle se plaçait aux côtés de Rau, la Chamane. « Tout ne se règle pas par la force ! Rengainez votre épée s’il-vous-plaît. » Le ton se voulait poli – bien que sec - mais le regard qu’elle lui lança était aussi acéré que la lame qu’il pointait vers elles…

Dernière modification par keira-stevenson (04-04-2022 19:21:58)

[Ewee]

La fête battait son plein dans la Taverne des Deux-Mâts. Mais elle avait cette année une saveur différente.
Le moral dans l'ensemble du Royaume était au plus bas, que ce soit au sein de la population comme des factions.
Chacun tentait de son mieux d'y prendre part malgré les criants rappels des difficultés en cours, avec notamment ce festin si frugal qu'il n'en méritait même pas le nom.
Les chefs de factions eux même avaient bien tenté de faire de ce jour un jour hors de ces temps moroses mais indéniablement leur conversation en revenait à ce sujet.

Yul'nasneth fit un signe discret à Valurick. Le débat s'envenimait et il fallait anticiper avant qu'il ne dégénère. Valurick se rapprocha d'Ewee, installée près des escaliers du fond.

[Valurick] La fête est finie, nous devons battre le rappel des troupes pour dissuader les autres factions de tenter un coup d'éclat ici.
[Ewee, en souriant] Ahah, oui j'avais remarqué. Enfin un peu d'action ! J'ai bien envie de me faire quelques druides pour leur rappeler qui dirige ici !
[Valurick] Non ! La situation est déjà suffisamment tendue comme ça, nous devons éviter à tout prix que cela dégénère. Je te rappelle que des civils, y compris des enfants sont ici. Occupe toi des étages, je vais au sous-sols.

[Ewee]

C'est alors que Yul'nasneth dégaina son arme. L'assemblée sursauta à l’exception de la faction des guerriers noirs, entrainés et préparés à parer à toute éventualité.
C'est alors qu'une jeune mage blanche outrepassa ses droits en s'adressant à Yul'nasneth au même titre que s'il était lui aussi une jeune recrue.
Yul'nasneth ne lui accorda pas un regard mais fit un signe à Valurick pour qu'il accompagne la jeune femme hors de la Taverne où elle serait désormais interdite d'accès. Elle chercha a résister mais ne faisait pas le poids face au guerrier d'élite qu'était Valurick. Elle se permit tout de même de récupérer Loti avant d'être expulsée de la Taverne.