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la doll représente Nina, la petite soeur d'Ashäni
les carnets d'Ashäni Skovaa
on retrouva les traces de son passage un peu partout lors de l'enquête. il avait disparu de manière subite, et sa mère s'était inquiétée pendant des années avant de lâcher prise. lorsqu'elle le fit, ce fut d'une overdose qu'elle marqua le coup. sa petite soeur, Nina, à qui il s'adresse souvent dans ses écrits, elle, reste à la recherche de son grand frère. elle avait neuf ans quand il était parti. elle savait lire et écrire grace à l'éducation que lui avait octroyée le garçon. désormais, elle écrit elle aussi, et est célèbre dans le monde intellectuel européen, ayant même entretenu diverses relations avec de grands noms du milieu, de quoi lui assurer un certain confort.
quant à son frère, l'enquête reste ouverte. il est difficile de retrouver un homme dont personne ne se souvient. il est difficile de retrouver un homme qui sait faire mentir l'assemblée, et le tout, sans parler.
le premier carnet, perdu à Rome, a été rédigé entre juin 2012 et septembre de la même année. certaines pages sont déchirées, cornées, d'autres illisibles. quelques extraits seulement sont disponibles, souvent des morceaux de papier volatiles, arrachés du carnet et fourrés entre la première de couverture et la première page.
Lydia,
Je suis bien arrivé en Europe centrale, en Italie précisément. Ici, les gens parlent avec un accent agréable, leur langue roule lorsqu'ils parlent, et ils parlent fort, ils sont extravagants parfois. Le temps est joli, les femmes aussi. J'ai rencontré une ancienne qui me garde sous son toit. Elle parle polonais, avec une très mauvaise prononciation mais elle fait de son mieux, alors je suppose que ceci excuse cela. Elle me raconte ses histoires de jeunesse, et elle cuisine bien, j'ai le ventre bien rempli. En échange de l'hébergement, je m'occupe de son jardin, de ses courses, du ménage et nous jouons tous les jeudis au rami. C'est un jeu de cartes, je te l'apprendrai c'est très divertissant. Elle n'aime pas vraiment les gens, les autres, elle dit qu'ils sont égocentriques, et que le monde de maintenant n'est pas un monde qui lui plaît. Ici, je lis, de la littérature européenne. Je sais lire le français, tu te souviens ? Je lis beaucoup de français. Les français sont productifs, leur littérature ne manque pas d'ouvrages. J'espère que tu vas bien. Je suis un peu fatigué, et je t'écris à la lueur d'une bougie qui s'éteindra bientôt. Je t'enverrai cette lettre si le courage de te faire lire mes mots me vient.
Tu te demandes sûrement si je compte te parler de mon départ, des au-revoir que j'ai esquivé, et de tout ce qui s'en suit. J'éviterai le sujet, ce n'est pas si intéressant que cela en a l'air. Passe le bonjour à Nina, je lui écrirai, une lettre rien que pour elle, à Nina. Prenez soin de vous.
Ton fils
p1
à moi - L'été est chaud, mais je suppose que je m'adapterai bientôt à la température de l'ouest. Mes cheveux poussent, j'ai des cernes. On dirait que le fait de grandir se traduit sur mon visage à une vitesse hallucinante. Dans quelques jours, j'aurai seize ans. Je partirai pour la Grèce le jour de mon anniversaire. J'ai hâte, mais Theresa commence à se douter de quelque chose. Elle est douée pour me comprendre, cette femme, c'en est presque effrayant. Lorsque je partirai, elle sera seule à nouveau. Je lui écrirai, à Theresa, elle mérite des montagnes de lettres et des mots que je ne saurai dire.
p2
Bodgan,
Ce prénom hideux qu'est le tien reflète bien ton être. Tu es l'une des causes de mon départ. Non que je trouve ce départ tragique, mais tout le monde semble être perturbé et profondément touché par le manque de moi. Cette famille est peuplée d'acteurs et de faux-airs. J'ai dû écrire des pages et des pages pour me purger du dégoût et de la gêne que vous me faisiez ressentir. Toi, ta vieille mère aigrie et ta fille, j'aurai préféré ne jamais vous avoir rencontrés. Lydia, ma mère, est une conteuse incroyable, elle te rendait fabuleux dans ses dires, tu étais un Dieu et elle ne jurait que par toi. Elle t'aimait et voyait en toi la beauté de toute une génération. Ce que je vois en toi est tout à fait différent. Tu es tout ce que je hais chez l'homme, et pourtant, tu es mon père, Tu es la paresse, la luxure à son état le plus répugnant. Ton corps et ton esprit me dégoûtent. J'aurai voulu être l'enfant d'un autre, ou être l'enfant de personne, j'aurai voulu ne pas exister, puisque le prix à payer est d'être associé à l'être repoussant que tu es. Je ne te reverrai jamais alors, ces mots sont mes derniers à ton égard. Je te déteste, Bogdan, mais rassure-toi, je me déteste aussi.
Ta progéniture ratée et débaucharde
p2
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INVENTAIRE
JUIN 2012: trois t-shirts
deux pulls
trois pantalons
cinq caleçons
deux paires de chaussettes
un duvet (épaisseur : fine)
six carnets (un plein, un entamé et quatre vides)
NOTES
- écrire à Nina
acheter des timbres
la rêverie est un des boucliers de l'enfance brisée - Chamoiseau
Between the bars - Elliott Smith
faire un compte rendu du rdv chez le psychiatre
anhédonie = incapacité à ressentir des émotions positives dans des situations qui auparavant provoquaient le bonheur ou la satisfaction
neurasthénie : situation psychologique dont les symptômes incluent la fatigue, la névralgie, les maux de tête, l'anxiété et une perte de la joie de vivre et une diminution de l'activité
p3
deuxième carnet d'Ashäni
le second carnet a été dérobé en Grande Bretagne, les dates manquent. une poignée de pages manquent, la couverture est tâchée par du café, peut-être, ou de la sauce. on dirait que quelqu'un a arraché la dernière page. le carnet est plein. quelques photos trônent entre les pages, elles sont souvent floues, coupées, déchirées, ou abîmées.
Lydia,
J'ai fêté mes dix-neuf ans il y a quelques jours. Je grandis. J'ai parfois envie de te revoir. La maison ne me manque pas. Je m'inquiète pour toi. Ma soeur, la plus jeune, m'a écrit il y a un peu moins d'un an. Elle disait que tu étais fatiguée. Elle disait que chez nous, les gens parlaient. Ils pensent que je suis mort. Je ne suis pas mort, elle doit peut-être te le dire. Je trouve parfois ici de petits instants de bonheur. Je suis en Angleterre. Le temps est mauvais. Les intellectuels sont nombreux ici. Ils m'éduquent, ils m'apprennent. Ils sont de grands buffets de savoir. Ici, je n'aurai jamais faim. Mais je ne resterai pas. Je vais partir. Comme je suis parti de chez nous. Tu sais, les gens me trouvent des utilités variées. Les anglais sont peu bavards, mais lorsqu'ils parlent, ils sont intéressants, et savent trouver chez leur prochain de jolies qualités. Ils me trouvent patients. Ils disent que je suis l'oreille dont ils avaient besoin, l'épaule sur laquelle pleurer. Les femmes pleurent beaucoup. Ce n'est pas comme chez nous. Il y a la Tamise. J'ai prit le bateau ici. Pas un gros bateau, un petit bateau, je voyais la rive, je sentais l'air. Je vis avec un couple d'étudiants. Depuis neuf mois. Ils sont gentils, me parlent, me taquinent parfois. C'est gênant, je ne connais pas la même envie tactile qu'eux. Je m'y suis fait. Leur nourriture est mauvaise. Je mange des sandwiches. J'aime le saumon. J'espère que tu connais ça. J'ai assez écris je suppose. Les lettres se serrent, tu le vois ? Je dois écrire tout petit pour économiser le papier. Mon argent passera ailleurs que dans de quoi te dire que je vais bien et que tu ne me manques pas. Tu me diras comment tu vas. Il me faudra du courage pour te poster cette lettre. J'ai presque oublié notre adresse. Ma chambre me manquerait presque parfois. Embrasse Nina, elle veille sur moi depuis l'autre bout de l'Europe. Dis-lui que les êtres humains sont trop complexes et que ça n'est pas de sa faute si ça ne fonctionne pas. Elle n'est pas responsable du malheur des autres. Elle n'est pas responsable de l'incapacité des autres. Dis-lui qu'elle est ce qui me rattache à notre maison. Elle sourira, j'en suis sûr.
Bien à vous, en espérant que Bodgan s'en est allé. Nina m'a dit qu'il buvait toujours. S'il ne part pas, c'est moi qui le chasserai.
Shän.
p1
Il y a quatre ans déjà que je t'ai rencontrée. Tu passais, originale, et fleurissais dans mon esprit et dans mes rimes. Tu aimais la poésie, alors je devais en écrire. Je ne rêvais que d'un de ces sourires fiers que tu n'accordais que presque jamais. J'ai souvent prit le stylo pour ces yeux là. J'ai longtemps écrit, tout pour toi.
Si tu rentres dans mon esprit, tu t'en échappes, souvent. Et je ne sais te dire de revenir, parce que tu es libre, et cette liberté que j'aime tant, dans ton sourire, dans tes soupirs, je n'aurai jamais su l'entraver. Alors, depuis toujours, je t'attends, pour toujours.
Tu t'en vas, tu reviendras. Je sais que tu reviendras. Parce que tu demeures dans les coeurs, et le mien est le plus chaleureux. C'est à ce coeur que tu te suspends, c'est dans celui-ci que tu t'étends, mais toi, jamais, tu ne t'éprends. J'ai aimé ton image dans mes souvenirs, comme si ma fin était de te chérir.
Sur le creux de ta hanche je poserai une main, encore. Je te dirai "tu partiras, encore ?" Et le silence parera la pièce de mes plus beaux songes.
Si tu repars, toi, ma muse, écris-moi, parfois, dis-moi que ça va, que tu passeras me voir quelques fois.
Dis-moi que, comme avant, je ne suis pas rien, qu'il te reste parfois une image de moi, que mes mots ne s'effaceront pas. Dis-moi que je serai toujours un peu là.
Si tu t'en vas, tu sais, je resterai là. À espérer qu'une fois encore, une dernière fois, on s'aimera. Si tu t'en vas, je pleurerai pour toi. Si tu t'en vas, j'écrirai pour toi.
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